Saint-Vallier, Québec
Le site est situé près du village de Saint-Vallier, sur la rive sud de l'estuaire du Saint-Laurent. Il s'agit d'une petite baie constituée principalement de vasières et de marais à scirpes. Les frontières du site sont délimitées par la plus haute et la plus basse marée. L'anse et la rivière Boyer, qui se déverse dans la baie, s'avèrent des lieux de frai et d'élevage pour trois espèces de poissons en péril.
Le site est reconnu pour ses rassemblements de sauvagine lors de la période migratoire. Au printemps, le nombre de Grandes Oies des neiges (s.e. atlanticus) peut en effet y atteindre un nombre significatif au niveau mondial. En 1995, 50 000 individus y ont ainsi déjà été dénombrés au cours d'une journée, ce qui correspond à plus de 1 % de la population mondiale pour cette espèce.
Plusieurs autres espèces de sauvagine, parmi lesquelles figure la Bernache du Canada, sont aussi communes à ce site, et ce, plus particulièrement à l'automne lorsque les pressions exercées par la chasse les poussent à chercher refuge dans la baie. Les inventaires effectués durant cette période ont permis de rapporter deux espèces de fuligules, soit le Fuligule milouinan avec un maximum de 2510 individus observés en 1975 et le Petit Fuligule avec un maximum de 4000 individus rapportés en 1988.
Le site est également fréquenté par un bon nombre de limicoles qui s'y arrêtent au printemps et à l'automne. Les espèces les plus communes sont les Pluviers kildir et argenté, le Chevalier grivelé, les Grand et Petit Chevaliers ainsi que les Bécasseaux à croupion blanc, minuscule et semipalmé. Les plus grands inventaires sont effectués au mois d'août, comme le démontre le maximum de 4000 Bécasseaux semipalmés qui a été enregistré lors d'un recensement effectué au cours de ce mois en 1989.
Le nombre important de navires qui utilisent la voie maritime du Saint-Laurent fait en sorte que les déversements d'hydrocarbures constituent une menace importante pour les sites situés dans ce secteur. Les substances toxiques représentent également une autre source de pollution. Celles-ci proviennent de la rivière et de ses affluents, de rejets industriels et des eaux usées déversées par la municipalité. Deux usines situées en amont ont été identifiées par le comité ZIP (zone d'intervention prioritaire) de Québec et Chaudière-Appalaches comme étant particulièrement polluantes. Les métaux lourds constituent le contaminant le plus important, s'attachant principalement à la matière en suspension. Cette particularité rend difficile l'évaluation du taux de contamination relié à ce secteur. Les produits chimiques qui sont utilisés dans les champs qui bordent la rivière et le site pourraient également s'avérer être une autre source de pollution. La présence d'espèces exotiques envahissantes est également préoccupante : la renouée japonaise, notamment, s'étend de plus en plus aux alentours du site d'observation principal, alors que les coquilles de moule zébrée qui jonchent les berges témoignent de leur présence dans cette partie du fleuve. Enfin, les grandes marées de décembre 2010 ont accéléré l'érosion de plusieurs secteurs. Le site est désigné refuge d'oiseaux migrateurs et il est inclus dans la zone d'intervention prioritaire (ZIP) de la région de Québec et de Chaudière-Appalaches. Il a également reçu le statut de zone inondable désignée (ZID).
Le marais à scirpe est l'habitat typique en bordure du littoral dans la région. Le fleuve présente un faible taux de salinité et la présence de marées remodèle constamment le paysage riverain. Plusieurs espèces, tels l'éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent) et le poulamon atlantique, fréquentent les zones en eaux peu profondes. De nombreuses espèces migratrices (anadromes et catadromes) sillonnent également les eaux du fleuve à cette hauteur. En plus des deux espèces mentionnées précédemment, on retrouve l'alose savoureuse, l'esturgeon noir et l'anguille d'Amérique, trois espèces prisées pour leur chair.
Des pressions de plusieurs origines menacent cependant la qualité et la disponibilité des habitats aquatiques. L'expansion des terres agricoles, le développement résidentiel, la villégiature et l'artificialisation des rives représentent des pertes d'habitats importantes. La présence d'obstacles difficiles à franchir limite les déplacements des poissons qui ne peuvent atteindre leur site de reproduction. Finalement, l'entretien de la voie maritime pour la navigation commerciale (dragage et rejet de sédiments dragués) réduit la qualité de l'eau et provoque la destruction de frayères. La diminution de la population de l'esturgeon noir dans le Saint-Laurent serait notamment attribuable à cette problématique. En raison de l'altération d'habitat, d'une forte exploitation de la pêche commerciale et sportive et du non-respect de la réglementation, la population de bar rayé de l'estuaire du Saint-Laurent a disparu vers 1968. En 2002, un important programme de réintroduction de cette espèce a été mis sur pied par le gouvernement provincial afin de permettre son rétablissement. Entre 2002 et 2009, plus de 6 300 bars rayés et 6,5 millions de larves ont été introduits dans l'estuaire du Saint-Laurent. Un réseau de suivi des bars rayés dans le fleuve a été créé en 2004 afin de suivre l'évolution de cette population.
Principales espèces présentes :
Alose savoureuse
Anguille d'Amérique
Bar rayé
Doré noir
Éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent)
Esturgeon jaune
Esturgeon noir
Gaspareau
Poulamon atlantique
Oie des neiges | ||
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Nombre | Année | Saison |
93 000 - 120 000 | 2018 | Automne |
70 000 - 75 000 | 2016 | Automne |
26 000 - 45 000 | 2013 | Automne |
15 400 | 2013 | Printemps |
17 000 - 53 000 | 2012 | Automne |
18 000 - 20 000 | 2012 | Printemps |
100 000 | 2011 | Automne |
20 000 | 2010 | Printemps |
5 000 - 20 000 | 1996 | Automne |
5 000 - 7 000 | 1996 | Printemps |
5 000 - 50 000 | 1995 | Printemps |
10 000 - 20 000 | 1994 | Printemps |
20 000 | 1993 | Automne |
5 000 | 1991 | Automne |
10 000 | 1991 | Printemps |
10 000 | 1990 | Automne |
15 000 - 20 000 | 1990 | Printemps |
7 000 | 1989 | Automne |