L'Islet-sur-Mer, Québec
Les trois îles qui composent l'ensemble des îles aux Loups Marins et le large littoral rocheux parsemé de dépressions vaseuses qui les entoure (battures) se trouvent à environ 8 km de la rive sud de l'estuaire du Saint-Laurent. L'Islet-sur-Mer, la localité la plus proche, se situe à 23 km à l'est de Montmagny. Les petites îles, menus récifs de schiste argileux, sont pourvues d'une végétation composée presque essentiellement de plantes herbacées. La plus grande île compte, en plus d'un important groupement de roseaux communs (Phragmites communis), des aulnes et des rosiers ainsi que de gros saules près d'un chalet inhabité.
Les battures aux Loups Marins accueillent la plus grande concentration de Bécasseaux semipalmés du Saint-Laurent lors de la migration automnale. Plus de 30 000 oiseaux, soit environ 1 % de la population mondiale estimée, ont en effet été recensés à cet endroit durant cette période. D'autres espèces, dont le Pluvier semipalmé (770 individus ou 1,5 % de la population mondiale) de même que le Tournepierre à collier (250 individus) fréquentent cet endroit durant l'automne.
Le site abrite également un nombre significatif au niveau national de Bihoreaux gris. On y a en effet dénombré 135 nids, ce qui représente près de 3 % de la population canadienne estimée. La population de Grands Hérons est cependant beaucoup moindre avec 8 nids recensés.
Depuis 1971, la population d'Eiders à duvet n'a cessé d'augmenter sur les îles. Cette année-là, 24 nids seulement avaient été trouvés alors qu'on compte maintenant en moyenne 273 couples. Les Canards noir et pilet nichent également à cet endroit, mais leur nombre est plus restreint. Lors des recensements de 1971, on avait également dénombré 20 nids de Goélands marins et 60 nids de Goélands argentés, mais aucun recensement pour confirmer le statut de ces espèces n'a été mené depuis.
Enfin, il est à noter que les battures sont aussi utilisées comme halte migratoire par la Grande Oie des neiges au printemps et à l'automne.
Les déversements d'hydrocarbures demeurent toujours une menace pour les îles de l'estuaire du Saint-Laurent, étant donné le passage régulier de grands pétroliers dans ce secteur. Il n'est pas rare que des déversements ou des rejets illégaux se produisent. Ces polluants ont, à l'occasion, des répercussions désastreuses sur les oiseaux marins ainsi que sur toutes autres formes de vie marine. Enfin, il est à noter que les oiseaux sont également dérangés par les touristes, les naturalistes et les plaisanciers qui les approchent parfois de trop près.
Le marais à scirpe est l'habitat typique en bordure du littoral dans la région. Le fleuve présente un faible taux de salinité et la présence de marées remodèle constamment le paysage riverain. Plusieurs espèces, tels l'éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent) et le poulamon atlantique, fréquentent les zones en eaux peu profondes. De nombreuses espèces migratrices (anadromes et catadromes) sillonnent également les eaux du fleuve à cette hauteur. En plus des deux espèces mentionnées précédemment, on retrouve l'alose savoureuse, l'esturgeon noir et l'anguille d'Amérique, trois espèces prisées pour leur chair.
Des pressions de plusieurs origines menacent cependant la qualité et la disponibilité des habitats aquatiques. L'expansion des terres agricoles, le développement résidentiel, la villégiature et l'artificialisation des rives représentent des pertes d'habitats importantes. La présence d'obstacles difficiles à franchir limite les déplacements des poissons qui ne peuvent atteindre leur site de reproduction. Finalement, l'entretien de la voie maritime pour la navigation commerciale (dragage et rejet de sédiments dragués) réduit la qualité de l'eau et provoque la destruction de frayères. La diminution de la population de l'esturgeon noir dans le Saint-Laurent serait notamment attribuable à cette problématique. En raison de l'altération d'habitat, d'une forte exploitation de la pêche commerciale et sportive et du non-respect de la réglementation, la population de bar rayé de l'estuaire du Saint-Laurent a disparu vers 1968. En 2002, un important programme de réintroduction de cette espèce a été mis sur pied par le gouvernement provincial afin de permettre son rétablissement. Entre 2002 et 2009, plus de 6 300 bars rayés et 6,5 millions de larves ont été introduits dans l'estuaire du Saint-Laurent. Un réseau de suivi des bars rayés dans le fleuve a été créé en 2004 afin de suivre l'évolution de cette population.
Principales espèces présentes :
Alose savoureuse
Anguille d'Amérique
Bar rayé
Doré noir
Éperlan arc-en-ciel (population du sud de l'estuaire du Saint-Laurent)
Esturgeon jaune
Esturgeon noir
Gaspareau
Poulamon atlantique
Les habitats côtiers de ce secteur sont soumis à des eaux légèrement salées et généralement troubles. On y trouve principalement des marais saumâtres, où dominent le scirpe d'Amérique, la sagittaire dressée et la sagittaire à larges feuilles. Grâce à son étonnant réseau racinaire, cette plante retient le sol, contribuant ainsi à protéger les rives contre l'érosion côtière. De plus, ses parties souterraines constituent une source alimentaire recherchée par l'oie des neiges lors des migrations.
La destruction et la perte d'habitat (par le remblayage des rives, l'assèchement des marais, l'urbanisation) sont les principales menaces qui affectent les écosystèmes du secteur. La pollution des eaux et les risques de déversements d'hydrocarbures demeurent des enjeux préoccupants. La propagation d'espèces envahissantes est à surveiller. Il est à noter que la région abrite 18 espèces floristiques endémiques, dont 3 espèces menacées au Québec.
Principales espèces présentes :
Sagittaire à larges feuilles
Sagittaire dressée
Scirpe d'Amérique
Bécasseau semipalmé | ||
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Nombre | Année | Saison |
30 600 | 1989 | Automne |